Tropiques, l'Imaginaire en vert et rouge !

Quand on arrive en avion á Puerto Iguazu (Argentine), nul besoin d'être militant de la cause environnementale pour constater que l'immense forêt tropicale qui couvrait jadis cette région (1 000 000 de km2), á cheval sur Argentine, Brésil et Paraguay, a été devastée. C'était la terre des indiens Guaranis. Vu de haut, le sol parait une mosaïque : poches résiduelles de forêt (60 000 km2 á peine ! ) et terrains dédiés á l'élevage et á l'agriculture. La déforestation s'échappe des plaquettes militantes et des compte-rendus de congrés, pour infliger sa mortelle réalité !
La chaleur tropicale enveloppe et pénétre dés la premiére inspiration et on ne tarde guére á se sentir moite et alangui.

Pour qui a lu des auteurs sud américains, des réminiscences littéraires infiltrent les impressions propres ! La forêt inextricable grouillant d'une vie cachée et redoutable...Les longs fleuves tour á tour larges et tranquilles ou étroits et tumultueux...La terre aux rouges incroyables...les odeurs, tantôt florales tantôt putrides, outrageusement exhalées...Crissements, bruissements, sifflements...
Dans les superbes "Contes d'amour, de folie et de mort", Horacio Quiroga (d'origine urugayenne mais ayant passé la plus grande partie de sa vie ici, dans la province argentine de "Misiones") les animaux parlent ; la mort projette une ombre annonciatrice ; le miel sauvage, produit du butinage de fleurs narcoleptiques, devient nectar paralysant ; les armées de fourmis carnivores abandonnent sur leur passage les carcasses d'animaux et les squelettes décharnés mais vêtus d'hommes égarés ou impudents...
Seraient-ils sortis d'un des ses autres recueils de nouvelles ("Contes de la forêt"), ce malicieux coati qui déroba sous nos yeux le pique-nique d'un visiteur du Parc National d'Iguazu ? Ces papillons artistes narguant le génie d'un Miró ? Ce serpent arrogant disputant aux hommes le sentier de promenade ? Ce jeune singe éffronté observant qui croit l'observer ? Cet iguane placide indifférent aux regards des curieux...
Mais pourquoi donc sous les Tropiques l'Imaginaire, devenu comme mimétique, s'éprend d'exubérance jusquau délire ?

Le malicieux coati 

Un papillon artiste

Le serpent arrogant

Le singe effronté

L'iguane placide

Lise, pourras tu me dire chez quel éditeur on trouve les nouvelles que je cite ? Pour les ajouter ´´a la blogothéque :-). Un bisou comme merci !