Squelettes dénudés ou bien portant habits d'homme ou de femme, de gala ou de travail, d'aristocrate comme de paysan. Têtes de morts...Tombes et cercueils en miniature...En papier, en tissu, en céramique, en métal, en paille, en bois....en chocolat, nous a t-on dit ! Peinte, dessinée, moulée, sculptée, tressée...Partout ! A l'entrée d'un restaurant ou d'un musée, dans TOUTES les boutiques artisanales, á une fenêtre, sur un balcon, une affiche, la carosserie d'un camion...
La surprise passée, la curiosité s'empare de vous car rien de dramatique dans cette mise en scéne permanente ni même de morbide ! La mort est traitée avec un mélange de fascination, d'ironie et même d'irrévérence qui suggére quelque chose d'une philosophie de la...vie ! ? Et nous, de questionner tout au long du chemin : pourquoi ?
"Pour ne pas oublier que nous sommes mortels"..."pues, es así ", traduisez " c'est ainsi !"...et de nous parler de la fête des morts qui revêt ici une importance toute particuliére : on se rend au cimetiére, on allume des bougies toute la nuit, on mange sur place, et on laisse leur part du repas aux défunts, on dialogue avec eux, on décore les maisons avec ces figurines réalistes ou porteuses de dérision. Celá dure quelques jours ou un mois complet selon les régions. Ensuite les défunts regagnent leur royaume.
La clef nous sera donnée en fin de parcours par Alfredo, notre guide en pays maya. Il se détourne du chemin tel que prévu et nous emméne dans un village écarté de la route principale. Il pousse la grille du cimetiére oú s’alignent des niches, semblables á des mausolées de petite taille, peintes de couleurs pastel : rose, vert, bleu, lilas avec des touches de blanc. On peut lire des noms et des âges á même la pierre, aux tracés souvent maladroits et á l'orthographe incertaine, ce qui accroit la charge émotive du lieu.
"Regardez !"
Une scéne inimaginable, on pourrait dire "ob-scéne", s'offre á nous !
Dans les niches, des coffres en bois clair et de taille modeste, entre-ouverts, contiennent á la vue de tous...les ossememts des défunts et plus particuliérement les crànes grimacants, orbites creuses et dents décharnées ! Ils ont été posés avec amour sur des napperons joliment brodés, á la main, de fils de couleurs vives.
Nous gardons le silence entre stupéfaction et conviction que nous vivons un moment rare.
C'est Alfredo qui reprend la parole . Dans ce village, les défunts sont d'abord inhumés puis au terme de 5 ans, leurs ossements sont nettoyés et exposés dans les niches. On vient les "visiter" et leur parler. Si un événement important survient , on les en informe et on leur présente les nouveaux venus dans la famille.
Les morts continuent á... vivre, non loin des vivants !
Voilá donc le fil conducteur ! Il n'y a pas de coupure entre vie et mort. Elles forment un couple indissociable. ! Cette réalité fondamentale, évidente devrait-on dire, ne semble pas ici theórique et de l'ordre du discours, mais totalememt intégrée psychiquement et socialement. Toutes les approches de la mort semblent se nouer sans difficulté : réel des corps, représentations imaginaires et traitements symboliques !
Sans doute une fois encore s'agit-il d'un héritage des cultures originelles car le monde préhispanique vit dans cette obsession : passer par la mort pour générer la vie ! C'est le sens profond des (terribles) sacrifices humains qui n'ont d'autre propos que de nourrir la divine énergie solaire pour la survie de la terre, monde des hommes situé entre ciel, siége des divinités et inframonde, royaume des morts !
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