Jusqu’à plus soif ? |
La clef de l'énigme est á Vallecito, á quelques 60 km de San Juan.
Une jeune femme, du nom de Deolinda Correa, se mit sur les routes avec son enfant encore au sein, á la recherche de son époux parti guerroyer. C'était naguére, vers 1840.
Mais ces terres sont arides et bientôt Correa mourut d'épuisement, de faim et surtout de soif. Retenez bien ce dernier point ! Des bergers trouvérent son corps au sommet d'une colline et c'est ici que le miracle intervient. Car l'enfant était encore en vie et il têtait sa défunte (difunta) mére...
Sur le lieu, un sanctuaire a été édifié oú ses restes reposent et oú affluent les pélerins. Car "Correa es muy cumplidora" = " Correa est trés empressée á accomplir les voeux" (nous afffirma un habitant de San Juan)...Guérison, acquisition d'une maison (et sa citerne d'eau) et/ou d'une voiture, victoire sportive, protection des multiples dangers de l'existence, sauvetage des mariages, amour retrouvé...En reconnaissance chacun vient déposer sa plaque "Gracias por favor recibido" = "Merci pour la faveur octroyée" , une offrande représentative du voeu accompli et... des bouteilles remplies de cette eau dont elle a manqué.
On déambule dans un invraisemblable capharnaüm plus proche de la construction onirique que de la réalité. Les nombreux chiens errants ajoutent á l'étrangeté du lieu.
Correa n'a jamais été sanctifiée par l'Eglise mais cette derniére tolére cette dévotion populaire.
Vous vous dites, comme dans le film "les Visiteurs" : "Mais qu'est-ce que c'est ce binz ? et "Que fais-je là ! ": Pourtant vous n'avez pas perdu votre temps au contact de cette Argentine profonde qui donne à (perce)voir des vérités cachées ! Car sous le décorum du catholicisme, une fois encore, palpite la Foi vagabonde, hors des sentiers convenus. Et puis, à qui s'adresse les attentes, les espoirs et les peines, sans doute des plus humbles, ici accumulés ? A La Difunta Correa ou á une défunte Mére nourriciére des temps éloignés ? La parole serait à l'ethnologue...
Voilà ce qui se croit et voilà ce que nous avons vu !
Début du parcours : Rubans rouges et plaques d'immatriculation ! |
Ex-voto "maisons" |
Ex-voto "uniformes" |
Mur de chapelles (nombreuses !) couvert de plaques de remerciements |
Difunta Correa façon réaliste |
Comme c'est émouvant toutes ces manifestations artistiques "populaires". C'est beau, bien au-delà de nos étroits critères esthétiques!Il faut dire que le "miracle" d'une mère qui nourrit, qui donne la vie à son enfant au-delà de la mort, est merveilleux. Et je pense comme toi, que cette "croyance" est inscrite au plus profond de l'être humain.
RépondreSupprimerC'est le mythe éternel - qui traverse tous les temps et les civilisations - de la Mère nourricière.
Décidément, aussi, le peuple argentin est plus expressif, dans ses émotions et ses sentiments, que nous autres... Et puis, je suis aussi un peu bêtement heureuse de constater qu'il ne s'agit pas d'une dévotion "encadrée" et patentée par la religion!
c'est vraiment un lieu étrange ! il faut préciser que c'était en semaine et qu'il n'y avait que nous, les chiens errants soit assoupis soit nous escortant :-) et une dizaine de pèlerins...Le sentiment déroutant de vivre un rêve éveillé !
RépondreSupprimerCe qui se JOUE (je pense au théâtre antique)ici, est comme un défi à l'arrogance de nos sociétés dites modernes et donc rationnelles !
Merci de ce moment d'échange, trop rare sur ce blog à mon goût ! .-(